Transplantation Cardiaque et dons d’organes

📌La transplantation cardiaque

La transplantation cardiaque reste le traitement de référence des patients souffrant d’insuffisance cardiaque sévère (dysfonction du ventricule gauche, du ventricule droit ou des deux ventricules). Elle est réservée aux patients pour lesquels le traitement médicamenteux et électrique (défibrillateur, pacemaker) de l’insuffisance cardiaque n’est plus suffisant. Environ 400 transplantations cardiaques sont réalisées chaque année en France. Comme pour les autres transplantations d’organe, la transplantation cardiaque souffre d’une pénurie de greffons (1 donneur pour 2 receveurs en moyenne).
Après réalisation d’un bilan, variable en fonction de l’âge et des autres problèmes de santé, le patient est inscrit sur la liste nationale d’attente de l’Agence de la Biomédecine et peut être appelé à tout moment pour sa greffe. La durée d’attente est en moyenne de plusieurs mois, mais peut-être raccourcie pour les patients nécessitant une transplantation en urgence (patients les plus graves, hospitalisés en réanimation).

Le principe est de prélever le cœur d’un(e) patient(e) décédé(e), en état de mort encéphalique (traumatisme crânien grave, saignement intra-cérébral…) : le cerveau ne fonctionne plus mais les autres organes fonctionnent normalement. La famille du défunt est consultée pour s’assurer de la non-opposition au don d’organe. Le cœur est alors prélevé par l’équipe chirurgicale, transporté en urgence et greffé au patient en liste. L’intervention dure environ 4 heures. S’en suit une période de réanimation et d’hospitalisation conventionnelle de durée variable en fonction des suites post-opératoires (1 mois au total en moyenne), avant de faire un séjour en réadaptation cardiaque.

Les défenses immunitaires du receveur reconnaissent le cœur greffé comme étranger et risquent de s’y attaquer (rejet de greffe). Pour diminuer ce risque, des médicaments immunosuppresseurs, mettant « au repos » les défenses du receveur, sont absolument nécessaires au bon fonctionnement du greffon (médicaments « anti-rejet »). Ces médicaments puissants doivent être pris à heures fixes, toute la vie.

Le suivi du patient greffé repose sur des hospitalisations de jour, fréquentes la première année, au cours desquelles plusieurs examens seront réalisés : échographie cardiaque, radiographie pulmonaire, électrocardiogramme, consultation paramédicale et médicale et biopsies endomyocardiques. Le principe de la biopsie est de prélever des petits fragments de myocarde (muscle cardiaque) en passant la veine jugulaire (veine du cou). Ils sont analysés au microscope pour rechercher la présence d’un rejet. Cet examen est rapide et non douloureux.

L’objectif de la transplantation cardiaque est d’améliorer la qualité et l’espérance de vie des patients, de reprendre une vie normale. Les patients transplantés cardiaques nécessitent un suivi médical rapproché, tout au long de leur vie. L’implication totale du patient (prise des médicaments, régime alimentaire, arrêt d’un éventuel tabagisme…) est facteur primordial pour le succès du projet de transplantation.

Guillaume (Médecin référent greffe)

📌Dons d’organes

En France, les premiers textes de loi relatifs aux dons d’organes datent de 1887, les dispositions législatives ont rapidement évolué et ont abouti en 2004 à la loi relative à la bioéthique complétée par des décrets publiés en 2005. Le consentement présumé, la gratuité et l’anonymat sont les trois grands principes qui conditionnent le don d’organes. Depuis le 01 janvier 2017, la loi a encore évolué, toute personne est considérée comme consentante au don d’organes et de tissus de son corps si elle n’a pas exprimé de volonté contraire de son vivant.

La greffe d’organes sauve des vies, mais pas de greffe sans don d’organes, le don et la greffe d’organes sont intimement liés.

Une greffe (ou transplantation) est la mise en place dans le corps humain d’un organe étranger pour remplacer ou suppléer un organe en défaillance sévère et irréversible et dont la fonction est vitale, afin de permettre à un malade de retrouver une existence normale.

Les organes qui peuvent être prélevés, sur une personne en état de mort encéphalique, sont :
Le foie, le rein, le cœur, le poumon, cœur-poumon, le pancréas, les os- cartilage, la cornée (partie transparente du globe oculaire située devant l’iris) les veines, les valves cardiaques, la peau et l’intestin (rarement). 90% des greffons viennent de donneurs décédés.

Le don du vivant est également possible, essentiellement les cellules souches hématopoïétiques (ou moelle osseuse, donneurs familiaux ou non) mais aussi le rein (entre proches du cercle familial) la peau, les fragments osseux, le lobe hépatique et le lobe pulmonaire (exceptionnellement) jeune ou âgé, malade ou en bonne santé, il n’existe pas de contre-indication de principe au don d’organes et de tissus. Les médecins évaluent au cas par cas les organes et les tissus pour s’assurer de la qualité de la greffe qui sera réalisée. Le prélèvement d’organes et celui de tissus sont des actes chirurgicaux identiques à ceux effectués sur un patient en vie. Aujourd’hui en France on peut prélever : des cœurs jusqu’à 65 ans, des poumons jusqu’à 70 ans, des foies jusqu’à 80 ans, des reins jusqu’à 85 ans et des cornées jusqu’à 90 ans et plus.

Les premières greffes dans le monde ont été faites en 1959 pour le rein, en 1967 pour le cœur et en 1981 pour le bloc cœur-poumon. La technique de greffe est de mieux en mieux maîtrisée, ses résultats ne cessent de s’améliorer. Chaque année, plus de 5000 greffes d’organes sont réalisées en France qui permettent aux personnes greffées de reprendre une vie presque normale (avec un traitement anti rejet) En France, on estime que plus de 50000 personnes vivent grâce à un organe greffé.

Il n’existe pas en France de registre du oui. Que vous soyez pour ou contre le don d’organes et de tissus, il est important de le dire à vos proches conjoints, parents…C’est vers eux que l’hôpital se tournera pour s’assurer que votre décision est respectée. Si cela vous aide ou vous rassure dans votre démarche, vous pouvez aussi vous munir d’une carte de donneur. Cette carte n’est pas suffisante, mais elle est utile pour témoigner de votre volonté.

Savoir c’est de la sérénité gagnée, c’est aussi la façon la plus naturelle de respecter la volonté d’un proche. Rien ne remplace la parole échangée.

Chaque année, des milliers de malades attendent l’organe qui leur permettra de revivre. Chaque année, des centaines de malades meurent faute d’avoir obtenu la greffe tant espérée.

Paroles du professeur Jean Dausset, prix Nobel de médecine : « le don de la vie, quoi de plus beau ! Préservez ce joyau de solidarité humaine qu’est le don d’organes, bénévole et anonyme ».

Donner ses organes c’est vouloir, sans condition ni arrière pensée, aider d’autres humains dans la détresse, sans se préoccuper de leur appartenance sociale, de leur style de vie, de leur origine ethnique, de leurs opinions.

« Pour la générosité et l’amour, pour l’espoir retrouvé et la vie partagée »

Marie Laure